Françoise Hardy du côté de chez Fred (dernier extrait)

Le 27 janvier 1989, Françoise Hardy était reçue par Frédéric Mitterrand dans l'émission de télévision Du côté de chez Fred.

Frédéric Mitterrand : "C'est terrible quand on est poursuivie par tous les garçons et les filles ?"
Françoise Hardy : "Oui. Surtout quand la chanson est pas terrible en elle-même ! Je déjeunais il y a pas longtemps avec Francis Lalanne. Bon, lui, la chanson qui l'a fait connaître c'est la maison du bonheur mais moi, j'aimerais être poursuivie toute ma vie par une chanson comme ça ! Parce que c'est vraiment une grande chanson. Là c'est une petite chanson ponctuelle, bon, qui a marché parce qu'il y avait tout un facteur de circonstances, tout un concours de circonstances qui allaient dans ce sens mais c'est pas une grande chanson. J'ai fait, j'ai la prétention d'avoir fait depuis, des chansons qui sont quand même de bien plus grande qualité. Je sais bien que celle là avait toute une fraîcheur, une spontanéité, etc. Enfin musicalement, c'est totalement NUL, je dirais ! "

Frédéric Mitterrand : "Si cette chanson vous poursuit, c'est que vous avez, sans vous en rendre compte peut-être, vous avez résumé, cristallisé quelque chose qui était implicite et que personne n'avait trouvé au moment ou vous l'avez faite."
Françoise Hardy : "Mais non, mais non. Mais moi de toutes façons, il faut vous dire qu'à cette époque là, j'étais, comme maintenant encore, absolument passionnée de chansons. Je passais tout mon temps libre à écouter des chansons. A l'époque, comme j'allais en vacances souvent en Autriche, en Allemagne, donc j'étais au courant de toutes les chansons allemandes à la mode ; aussi les chansons américaines et anglaises style Paul Anka etc. Et en fait, j'étais totalement influencée par ça et il se trouve qu'en Allemagne à l'époque, y avait pas mal de chanteurs jeunes qui chantaient des chansons dont le thème était celui de… en fait "la solitude adolescente", bon, "Personne ne m'aime", enfin, c'est ce que je dis dans la chanson, mais c'était Paul Anka, y avait cette chanson à l'époque qui s'appelait "I'm just a lonely boy", lonely and blue. Bon et c'était ça, c'était pareil. Je n'ai fait en fait que... je dirais pas copier mais presque ! En fait, j'étais complètement influencée par ce que j'entendais autour de moi et qui correspondait à mes états d'âme de l'époque."

C'est vraiment la dernière question de l'interview de Frédéric Mittérand ?
C'est bizarre de finir sur une question aussi nulle... non ?

Début 1989, c'était la grande "tournée des interviews d'adieux" et les journalistes passaient tous en revue la carrière de Françoise Hardy pour lui rendre hommage et peut-être aussi pour la pousser à continuer. C'était inévitable d'aborder le sujet du premier hit, surtout que dans les années 80 on n'arrêtait pas de l'entendre, sûrement poussé à la base par un vent de nostalgie des quadras puis par l'écho attentif de la jeune génération. Enfin, je suppute. Et Françoise systématiquement s'évertuait à vouloir démontrer qu'elle avait progressé et que sa chanson des débuts était une véritable honte. Depuis elle a élargi la lapidation aux trois premiers albums mais bientôt ce sera toutes les années 60.

Je me demande si la rencontre de Françoise Hardy et Francis Lalanne n'a été qu'un hasard isolé de circonstance ou s'il leur arrivait de se fréquenter de temps à autre. Bizarrement, à tort ou à raison, j'aurais jamais envisagé qu'ils puissent particulièrement avoir des liens d'amitié vu que c'est la première fois que je lis quelque chose de Françoise sur ce sujet.

L'extrait que j'ai retranscrit faisait suite à un mini-reportage consacré à la Françoise Hardy des années 60 qui finissait par la diffusion de " Tous les garçons et les filles ".
A la reprise de l'entretien, Françoise jetait un résigné "L'inévitable !" et du coup Frédéric Mitterrand a enchaîné avec des questions très légitimes pour mieux comprendre ce désarroi qui s'apparente désormais à LA scie que les journalistes sans imagination provoquent régulièrement.
Ensuite l'interview s'est poursuivie mais je n'ai pas souhaité la retranscrire plus avant. Le présent sujet sera donc le dernier extrait de l'entretien.

Au sujet de Francis Lalanne je n'ai aucune information particulière sur ses relations avec Françoise Hardy mais il est clair que c'est l'unique fois où j'ai vu mentionner une rencontre volontaire entre les deux artistes.

Scoop: Françoise Hardy vient de m'inciter à écouter Francis Lalanne (sur qui j'ai toujours eu un préjugé certain).

Je viens donc d'écouter "La maison du bonheur" sur YouTube (non, je ne connaissais pas), une chanson de 1979. Mon avis? Bon, après plusieurs écoutes, je dirais que la musique est plutôt belle, ample et fluide, avec ces arpèges au piano qui coulent comme une rivière, et Francis a une belle voix. J'avoue n'être pas touché par les paroles, par contre. Sans doute parce que je n'ai jamais rêvé d'une maison du bonheur.

Et voici la maison du bonheur ....